De nos jours, l’égalité des sexes est un droit fondamental inscrit dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme. Toutefois, il existe certaines inégalités de genre dans le domaine de la santé et cela peut être lié à l’âge, à l’appartenance ethnique, au handicap, etc. Il en est de même pour le parcours professionnel et les conditions de travail des professionnels de la santé. Pourtant, un monde durable, pacifique et prospère nécessite à ce que personne ne soit délaissé, peu importe son sexe. L’équité en santé est primordiale pour atteindre les objectifs en termes de développement durable (ODD).

L’influence du genre sur la santé

Malgré l’évolution des mœurs et les avancées technologiques actuelles, force est de constater que les normes sociales ont encore une certaine tolérance vis-à-vis d’un genre par rapport à un autre. En effet, dans de nombreuses sociétés dans le monde, les hommes ont encore une certaine importance par rapport aux femmes. Cela a un impact certain sur la vie de tous les jours. Par exemple, un professionnel de la santé de sexe féminin souffre d’une double charge de travail : dans son milieu professionnel et à son domicile. Les hommes sont en effet moins appelés à effectuer les tâches domestiques chez eux par rapport aux femmes. A cause des préjugés et des mœurs qui prédominent encore dans certains pays, l’accès aux soins n’est pas toujours le même pour les hommes et pour les femmes à l’instar des services de soins de santé sexuelle et reproductive. Conséquence, le taux de grossesse est élevé chez les adolescentes des pays où les hommes ont peu de considération pour les femmes.

Quid du genre et de l’équité en santé ?

En 2016, une étude de l’Organisation Mondiale de la santé a dévoilé que les hommes avaient une espérance de vie plus courte que celle des femmes. Conséquence, les hommes ont un nombre d’années de vie ajustées sur l’incapacité plus élevé que celui des femmes (DALY).

La discrimination ici se situe au niveau de la tolérance de la société vis-à-vis du taux d’exposition des hommes à l’alcool et au tabac par rapport à celui des femmes. En ce qui concerne l’accès aux soins de santé, les femmes et les filles ont peu d’accès aux traitements de la cataracte ce qui augmente leur exposition aux risques de contracter la cécité. Trois points démontrent l’influence du genre sur la santé : les déterminants de la santé dont les déterminants structurels et sociaux, les agissements en santé et les prestations des services de santé.

Amélioration des systèmes de santé

L’une des principales mesures à prendre pour que les inégalités basées sur le genre soient éradiquées est l’amélioration des systèmes de santé nous explique Stéphanie AILLERT Nutritionniste. L’équité entre les sexes doit prédominer lorsque les professionnels de la santé dispensent leurs services. L’accès aux soins, aux traitements et aux médicaments doit être la même, peu importe le sexe du patient. Il en est de même pour l’accès aux dispositifs de protection financière pour lutter contre le sexisme. Pour ce qui est du parcours professionnel dans le domaine de la santé, les femmes sont celles qui sont le plus présentes sur le terrain (services à domicile, soins non rémunérés). Pourtant, le genre féminin est moins représenté au sein des postes à responsabilité. Les stratégies de recrutement doivent être modifiées pour que l’égalité des sexes soit établie. En outre, des mesures doivent être prises pour faire face aux violences sexuelles et physiques que les femmes subissent dans le secteur social et sanitaire.

L’OMS et ses actions en faveur de l’égalité des sexes

Pour favoriser l’équité, l’OMS a mis en place le Programme de développement durable à l’horizon 2030. A cet égard, cette organisation soutient les Etats membres pour transformer la perception du genre en matière de santé. Etant donné que la communication est importante pour faire passer le message, un dossier d’appui est fourni aux pays. Ce dossier contient des informations qui facilitent l’analyse des données ventilées par sexe sous l’angle du genre. En outre, les administrateurs de la santé disposent aussi de guides pratiques qui leur permettent de bien analyser les spécificités liées au genre. Ainsi, ils pourront planifier leurs actions selon ces spécificités. Pour les parcours professionnels dans le secteur de la santé, l’OMS a entrepris des actions depuis 2017. Elles consistent à suivre une politique d’égalité des sexes au sein du personnel. Ainsi, une augmentation annuelle de la proportion de femmes à des postes de niveau P4 (engagements à durée déterminée ou engagements continus) d’au moins 1,5% pendant 5 ans est en cours. Bien entendu, les progrès réalisés seront pris en compte dans cet engagement, que ce soit au niveau régional ou au niveau du Siège.

L’impact des maladies sur les hommes et les femmes

Outre les inégalités en termes de parcours professionnel et de conditions de travail dans le domaine de la santé, on note également une différence d’impact de certaines maladies sur les hommes et les femmes. Bien entendu, cela n’a aucun rapport avec la discrimination mais cela est surtout dû à des raisons socio-culturelles et biologiques. Toutefois, des discriminations en termes d’accès aux soins peuvent être liées à ces inégalités en santé. Les maladies cardio-vasculaires, la dépression, l’autisme, la maladie de Parkinson, l’acné, l’ostéoporose, la perte de cheveux, la maladie d’Alzheimer, la sclérose en plaques et l’espérance de vie sont des maladies et des situations qui impactent différemment les hommes et les femmes. La maladie de Parkison est plus présente chez les hommes que chez les femmes et on ne sait pas encore la raison de cette différence. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les femmes sont plus victimes des maladies cardiovasculaires que les hommes. Pour des raisons sociales, le diagnostic de l’autisme est plus précoce chez les garçons que chez les filles, ce qui témoigne une nouvelle fois de la discrimination basée sur le genre. A l’opposé, la dépression est sous-diagnostiquée chez les hommes par rapport aux femmes. Pourtant, le nombre de suicides chez les hommes est plus élevé aujourd’hui.